L’espoir répugnant t’entraine sur une dune glissante et tu chutes infiniment.
Cette Dune s’appelle impatience ou déception, attente ou impuissance. L’espoir est une fenêtre sur le néant qu’ouvre la main du vouloir. Ce « je veux, je veux » ton petit cri d’enfant dedans qui n’a jamais appris à accepter son impuissance. Tu ressens ce dégout de toi d’être encore là. Tu te voudrais ailleurs, plus loin, changer d’espace-temps, chevaucher le trou noir et basculer dans une autre version de toi, ton monde parallèle. Mais c’est un jour sans fin. Chaque glissade te ramène à ton point de départ. Es-tu fou ? A ne pas voir que tu ouvres chaque fois la même fenêtre que tu prends pour une nouvelle ? Elle a beau changer de forme et de couleur, ne vois-tu pas qu’elle ne donne sur rien ? Qu’elle ne donne rien, elle ne fait que te prendre, te pendre à son espoir d’issu, à ton espoir déçu.
Renonce
Abandonne
Accepte
Sens tu ta colère dans ces mots ? Tout en toi qui se révolte ! C’est ta peur d’en mourir là. Tu ne sais même pas que c’est à ça que tu touches quand tu frôles ces mots de ta pensée. Petit enfant dedans cri « non », cri « je veux » et tu t’échines encore. Tu as 15 ans, 20 ans, 25 ans, 30 ans, et tu t’échines encore. Tu prends des claques et des beignes, tu hurles à l’injustice comme si c’était le sujet. Tu t’épuises. Non ? Pas encore ? Encore un tour sur la dune ? Vas, continues ton toboggan, c’est un jeu d’enfant.
Voilà, tu y es maintenant. Tu n’as plus de force du tout. L’espoir est mort et tu crois que toi aussi. Tu es assis, peut être es-tu couché. Tout se tait. Quel silence ! Est-ce que tu es mort ? Non. Dans ce silence, écoute, un rythme régulier, une pulsation. Dans cette immobilité, sens, inspire, expire, vit, meurt, vit, meurt, vie. Tu ne fais rien, il n’y a rien à faire. Tu ne décides rien. Tu écoutes. Tu sens. Tu écoutes, un murmure en dedans qui chuchote à ton cœur « Tiens, et si on essayait ... » Tu viens de rencontrer le désir. Tu entres dans le monde de l’expérience. Tu n’as pas de but, tu n’as pas d’objectif, tu n’as pas de volonté, tu n'as pas d'échec, tu n'as pas de réussite. Tu es vivant. Il n’y a pas de fenêtre, il n’y a pas de chemin, pas de direction. Tu es le mouvement de la vie en toi, tu te souviens de cette phrase ancienne et tu la comprends pour la première fois, tu te lèves parce que c’est le mouvement de la vie en toi, tu marches parce que c’est le mouvement de la vie en toi. Aujourd’hui, dans chaque instant, quelque soit tes actions, elles sont le mouvement de la vie en toi, elles n’ont pas besoin d’aller vers. Elles sont dans le présent.
Goutes
Savoures
Ressens
C’est la joie.
Ma participation au jeu proposé par Kozlika ici
Aujourd'hui les mots imposés étaient "espoir, répugnant, glissante, dune"
5 réactions
1 De Gilsoub - 14/10/2020, 10:34
Vivant, tout simplement, et c'est tellement bon
2 De Luce - 14/10/2020, 11:04
Gilsoub : Heureusement que tu es là pour me laisser un commentaire ;-). C'est toujours comme ça, la loi du blog, Quand on pond un truc qu'on aime bien, ça réagit peu et quand on pond un truc qu'on trouve moyen ça réagit beaucoup. C'était pareil sur scène, on sort on se dit qu'on a été nul et là le metteur en scène vient te dire "c'est ta meilleure" et inversement. C'est troublant.
3 De Sacrip'Anne - 14/10/2020, 12:10
Joli groupement pour un résultat réussi ! (Désolée, je suis sous l'eau au boulot, je passe quand je suis sûre d'avoir le temps de laisser un mot c'est à dire : pour la première fois depuis quinze jours, probablement). Bisous ma belle !
4 De Séverine - 14/10/2020, 16:17
Bravo pour ce billet! Je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé à un danseur sur scène à une chorégraphie en lisant ce texte.
5 De Luce - 14/10/2020, 17:33
Anne : Nan mais toi, t'es la fidèle des fidèles depuis tellement longtemps que je sais que quand tu commentes pas c'est que t'es sous l'eau du boulot
Séverine : Le rythme sans doute, il m'est venu de façon très fluide et j'en ressentais la musique, bizarre de dire ça comme ça mais j'ai pas d'autres mots.